L’hiver est là, avec son lot de journées de pluie, de vent et de froid. On a sorti les pulls et rangé les vélos. Le moral est parfois en berne. Quoi de plus sympathique que de s’évader avec un bon livre et d’en profiter pour faire une liste de Noël à s’offrir et à offrir ?

La rédaction vous offre un tour d’horizon des bons bouquins pour passer l’hiver loin de la grisaille !

Diabolo Menthe, de Diane Kurys et Cathy Karsenty (BD)

Diabolo Menthe, de Diane Kurys et Cathy Karsenty, édition DARGAUD, 144 pages, 20,50€

Dans les classes du lycée Jules ferry à Paris, en 1963, c’est le temps de l’amour, des yéyés et des premières boums pour Anne Weber 13 ans et sa sœur Frédérique 15 ans, qui vivent avec leur mère divorcée. En coulisses, les élèves du lycée pour filles enfilent des bas en fantasmant sur le père d’une copine et distribuent des tracts anti-fascistes, alors que des relents d’antisémitisme imprègnent toujours l’époque et que la révolution de Mai 68 se profile. Diane Kurys adapte en bande-dessinée son film phénomène sorti en 1977, interprété par Odile Michel et Éléonore Klarwein, porté par le tube d’Yves Simon et une affiche dessinée par Floc’h. Et le charme opère toujours, quarante-cinq ans après. La signature graphique de Cathy Karsenty est aussi pour beaucoup dans la relecture de l’histoire. Son Montmartre réinventé loin de la tentation rétro, son choix de couleurs douces utilisées avec parcimonie et son trait simple et subtil s’enracinent dans une veine à la Sempé, donnant à Diabolo Menthe un goût d’éternité.

Aya de Yopougon, tome 7, de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie (BD)

Aya de Yopougon, tome 7, de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie, édition GALLIMARD, 128 pages, 18€

Yopougon, quitté en 2010 sur la dernière aventure d’Aya, se nourrit, en cette année 1981, de joies simples et de proverbes pittoresques (« l’ordonnance fait plus peur que la maladie »). Mais les drames se précipitent : Aya participe à des revendications étudiantes durement réprimées, tandis que son ami Albert subit la « correction » de son homosexualité. Aya de Yopougon a toujours fière allure dans ce nouvel épisode aux échos contemporains. Le trait chaleureux et les couleurs éclatantes ajoutent au charme de cette série traduite en 15 langues.

Cher connard, de Virginie Despentes (roman)

Cher connard, de Virginie Despentes, édition GRASSET, 352 pages, 22€

Cinq ans après la trilogie Vernon Subutex, Virginie Despentes zoome cette fois encore sur une société malade d’Internet, de violences, d’addiction, de virus… Alors qu’il est accusé de harcélement par Zoé, une blogueuse féministe, Oscar Jayak, écrivain quadragénaire, insulte gratuitement sur Instagram Rebecca Latté, star de cinéma Rock n’Roll façon Béatrice Dalle. Celle-ci lui répond sur le même ton et les conversations épistolaires s’enchainent dans l’agressivité avant de s’apaiser au fil des semaines, chacun soutenant finalement l’autre dans ses combats les plus intimes contre la drogue ou l’alcool, entre autres. Comme à son habitude, Despentes emporte et secoue par son analyse fine de l’époque, sa langue vive et moderne, son humanisme. Le dialogue et l’empathie plus forts que l’insulte et la baston.

Ceux qui restent, de Jean Chevalier (roman)

Ceux qui restent, de Jean Chevalier, édition HÉLOÏSE D’ORMESSON, 240 pages, 19€

Quatre frères d’armes, marqués par la mort en mission de l’un des leurs, partent à la recherche d’un cinquième, déserteur… C’est un récit à hauteur d’hommes, déterrant les failles et les traumatismes enfouis, que signe Jean Michelin lui-même ancien officier d’infanterie, auteur du remarqué Jonquille. Mais la chair de ce roman à vif, c’est aussi les femmes de l’ombre, épaules de leurs maris, frères ou fils : « nous on n’a pas de médailles à la fin, on se débrouille, mais c’est dur aussi » souffle l’une d’entre elles au détour d’une confession emplie de silence et de blessures.

Quelque chose à te dire, de Carole Fives (roman)

Quelque chose à te dire, de Carole Fives, édition GALLIMARD, 176 pages, 18€

Elsa Feuillet a écrit Forum à l’ombre de Béatrice Blandy, une écrivaine récemment disparue et a envoyé son roman à son veuf, Thomas, qui lui propose de la rencontrer. Un amour nait entre eux et, peu à peu, Elsa se glisse dans les draps de Béatrice, enfile ses vêtements et pénètre dans le bureau interdit, où elle découvre un roman inachevé. Ce thriller à clé implacable et hitchcockien en diable voit l’héroïne valser avec doubles, fantômes et démons. C’est aussi la critique décapante d’une certaine intelligentsia germanopratine – Isabelle Huppert passe même entre les pages. Par l’autrice de Térébenthine et Tenir jusqu’à l’aube.

Open Water, de Caleb Azumah Nelson (premier roman)

Open Water, de Caleb Azumah Nelson, traduit de l’anglais par Carine Chichereau, édition DENOËL, 208 pages, 18€

À South East London, dans les rues, les salons de coiffures et les restos, un photographe et une danseuse résistent à leur attirance réciproque avant de vivre un amour inconditionnel, percuté par le racisme et le harcèlement policier. Le narrateur d’Open Water emploie le « tu » pour questionner sans répit le jeune héros noir du livre sur sa masculinité, sur les racines de sa colère et de sa souffrance et sur l’empreinte d’artistes fondateurs : Zadie Smith, Franck Ocean, Roy DeCarava… Ce premier roman d’un jphotographe et musicien de 28 ans impressionne par sa langue poétique et militante, entre flow du slam et impros jazz.

Une écharpe dans la neige, de Viveca Sten (roman policier)

Une écharpe dans la neige, de Viveca Sten, traduit du suédois par Rémi Cassaigne, édition ALBIN MICHEL, 480 pages, 21,90€

Daniel Lindskog dirige le commissariat d’Äre. Hannah Ahlander est de passage dans cette station de ski suédoise, après avoir été virée de la section des violences conjugales de Stockholm. Les circonstances les amènent à s’atteler à une enquête compliquée. Pourquoi Amanda, 18 ans, fille d’un conseiller municipal, a-t-elle été retrouvée morte sur un télésiège ? Un seul indice : son écharpe abandonnée dans la neige. L’une des reines du polar scandinave (Meurtres à Sandhamn) inaugure une nouvelle série sur fond de violences faites aux femmes, à l’énigme tendue et glaçante, par des températures de -20°C.

L’Inconnue de la Seine, de Guillaume Musso (roman)

L’Inconnue de la Seine, de Guillaume Musso, livre de poche 512 pages, 8,90€

À peine repêchée dans la Seine, près du pont-Neuf, une jeune femme s’enfuit. Son ADN révèle qu’elle est morte depuis un an. Le savoir-faire de l’auteur le plus lu de France ne faiblit pas et son 17ème roman multiplie les pistes, y compris surnaturelles. L’héroïne du thriller a été inspirée par une noyée de la fin du XIXème siècle qui marqua Proust, Aragon ou Truffaut.

Le cœur en laisse, de Line Papin (roman)

Le cœur en laisse, de Line Papin, livre de poche 416 pages, 7,70€

Un écrivain à succès noie son manque d’inspiration au bras d’un ancien mannequin qui fait courir le Tout-Paris et lui insuffle une deuxième jeunesse. Le quatrième roman de Line Papin s’arrime autour d’une relation toxique pour conjuguer avec lucidité l’amour éperdu et les illusions perdues.

De sable et de neige, de Chantal Thomas (roman)

De sable et de neige, de Chantal Thomas, livre de poche, 208 pages, 7,80€

Du bassin d’Arcachon aux neiges de Kyoto, Chantal Thomas, élue à l’Académie française en 2021, ravive ses souvenirs et dresse u portrait de son père taiseux, disparu quand elle avait 17 ans. Des archives familiales et des photos de l’américain Allen S. Weiss complètent ce voyage libre et émouvant au cœur de la mémoire.

Gardez l’œil ouvert, de Victoria Charlton (policier)

Gardez l’œil ouvert, de Victoria Charlton, livre de poche, 288 pages, 7,70€

Pourquoi la comédienne Jean Spangler s’est-elle volatilisée d’Hollywood en une heure ? Comment Johnny, 12 ans, a-t-il pu disparaitre soudainement ? Quinze affaires criminelles non élucidées sont racontées par la youtubeuse québécoise dont la chaine consacrée aux true crimes rassemble près de 700 000 abonnés, français pour les deux tiers. Frissons assurés.

Alice, d’Emma Becker (roman)

Alice, d’Emma Becker, livre de poche, 384 pages, 8,20€

Deuxième volet des auto-fictions d’Emma Becker – avant le succès de La Maison – Alice s’attache à une jeune femme de 21 ans, enfant de divorcés et ainée de deux sœurs, et à ses jeux sexuels avec Emmanuel, de vingt ans plus âgé. Un nouveau témoignage sincère et cru par « l’autrice du désir » qui vient de publier L’inconduite chez ALBIN MICHEL.