La rhinite allergique

allergie respiratoire : la rhinite allergique chronique

Depuis plus de trente ans, les allergies respiratoires sont en pleine expansion. La pollution atmosphérique peut expliquer, en partie, cette augmentation. Parmi ces allergies, la rhinite allergique empoisonne le quotidien, altère la qualité de vie et peut être susceptible de complications si elle n’est pas traitée : elle doit donc faire l’objet d’un traitement médicamenteux. Celui-ci n’agira pas sur la cause de l’allergie elle-même (à la différence de la désensibilisation), mais jugulera les manifestations symptomatiques. Il existe un protocole international, l’ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma), qui définit bien la prise en charge.

  • Les antihistaminiques : le premier recours

Prescrits en première intention pour une rhinite allergique légère et intermittente, les antihistaminiques diminuent les éternuements, les écoulements nasaux et les démangeaisons. Cependant, ils sont peu efficaces pour lutter contre l’obstruction du nez. Ils se présentent, pour les patients adultes, sous forme de comprimés et agissent en stoppant la libération d’histamine, principal médiateur chimique produit lors de la réaction allergique.

Contrairement aux antihistaminiques de première génération, qui avaient tendance à faire dormir, ceux de troisième génération n’ont plus d’effet hypnogène car ils passent très peu la barrière méningée. Ils sont, en revanche, susceptibles d’ouvrir l’appétit et donc de provoquer une prise de poids d’un ou deux kilos en cas de traitement au long cours (plusieurs mois).

Ils peuvent aussi être utilisés de manière préventive, à la demande, par exemple quand une personne allergique aux poils de chat sait qu’elle va être en contact avec cet animal dans l’heure qui suit.

Les antihistaminiques les plus prescrits sont : la bilastine (Bilaska et Inorial), la desloratadine (Kestin), la lévocétirizine (Xyzall). Les antihistaminiques existent aussi sous forme de gouttes nasales. Ils sont prescrits chez les personnes souffrant d’une rhinite persistante et pour lesquelles les corticoïdes locaux sont contre-indiqués (par exemple, en cas de glaucome). La molécule utilisée est l’azélastine (Allergodil).

  • Les corticoïdes locaux : pour les cas les plus sévères

Avec les corticoïdes locaux, nous grimpons une marche thérapeutique supplémentaire : ils sont prescrits en plus des antihistaminiques, en cas de rhinite persistante modérée à sévère. Les corticoïdes locaux se présentent sous forme de gouttes nasales et ont un effet anti-inflammatoire sur les muqueuses nasales. Ils sont efficaces pour lutter contre l’obstruction nasale.

Comme ils agissent localement et ne passent pas par le système digestif (à la différence des corticoïdes consommés par voie orale), le patient échappe aux effets secondaires lourds de la cortisone (risque d’ostéoporose, troubles digestifs, accélération du rythme cardiaque, déréglemente hormonaux). Et cela même en cas de traitement au long cours.

Il faut deux à trois semaines de traitement avant d’observer des effets bénéfiques.

Les corticoïdes locaux les plus prescrits sont : la béclométasone (Rhinomaxil et Rhinoclenil), le budésonide (Rhinocort), la mométasone (Avamys, Nasonex), la triamcinolone (Nasacort). Il existe un médicament qui associe un antihistaminique local et un corticoïde local dans un spray nasal, à base d’azélastine et de fluticasone propionate : Dymista.

En cas de symptômes oculaires associés à la rhinite, il est possible de prescrire des collyres contenant des antihistaminiques. Les plus souvent prescrits sont l’azélastine (Allergodil), la lévocabastine (Levofree).

L’asthme, une maladie chronique à suivre

allergie respiratoire, l'asthme

  • Une approche thérapeutique graduée

L’approche thérapeutique dépend du niveau de gravité de l’asthme. Elle est guidée par les recommandations internationales du Gina (Global Initiative for Asthma).

Si l’asthme est intermittent et survient par crises rares et peu sévères, il suffit de traiter ces dernières. Un bronchodilatateur de courte durée d’action mais d’effet rapide (un bêta 2 mimétique) est alors utilisé, comme la Ventoline, qui dilate les bronches rétrécies, sous forme d’aérosol doseur que l’on introduit dans la bouche. Si cela ne suffit pas pour rendre la respiration à nouveau aisée et non sifflante, on ajoute un corticoïde en comprimé pour atténuer l’inflammation des bronches. Les plus souvent prescrits sont la prednisone (Cortancyl) et la prednisolone (Solupred).

Si l’asthme est persistant mais léger, un traitement de fond est nécessaire : un corticoïde inhalé à faibles doses, soit sous forme d’aérosol doseur (par exemple, la Flixotide), soit sous forme de poudre à inhaler grâce à un inhalateur (Pulmicort). Ces médicaments sont à inhaler une ou deux fois par jour.

Si l’asthme est persistant et modéré, on associe un bronchodilatateur de longue durée d’action (un bêta 2 mimétique de longue durée d’action) et un corticoïde inhalé. Le plus souvent, le médecin prescrit une association fixe : un médicament par voie inhalée, qui comprend le bronchodilatateur et le corticoïde, comme le Seretide, le Symbicort ou l’Innovair (deux fois par jour). Ces derniers mois, de nouvelles associations fixes sont disponibles, prises une fois par jour : le Relvar et le Revinty. Si cela ne suffit pas à stabiliser l’asthme et afin de ne pas trop augmenter les doses de corticoïdes, on peut avoir recours à un antileucotriène – les leucotriènes sont des médiateurs chimiques libérés lors de la réaction allergique. Ce médicament, le montelukast (Singulair) empêche les bronches de se contracter. Il est administré par voie orale, sous forme d’un comprimé.

Si l’asthme est persistant sévère, non contrôlé par les médicaments précédents, il existe des médicaments par voie injectable : par exemple, les anti-IgE, qui réduisent la production des anticorps à l’origine de la réaction allergique. Ou encore les anti-IL5 (anti-interleukine 5), réservés au domaine hospitalier.

  • Un traitement au très long cours

L’asthme étant une maladie chronique, la durée du traitement ne se compte pas en jours mais en années ! De quoi décourager certains patients : à peine 13% des personnes souffrant d’asthme suivent leur traitement de fond. Elles s’exposent alors à des crises à répétition, dont certaines peuvent s’avérer graves. Dommage, car le suivi sérieux d’un traitement permet de vivre presque normalement.

Afin de rester toujours adapté, le traitement de l’asthme nécessite des réévaluations régulières. Une consultation chez le pneumologue, au minimum une fois par an et tous les six mois si besoin, permet cette surveillance rapprochée. Le médecin mène des explorations fonctionnelles afin de tester les capacités respiratoires du malade et vérifier qu’elles sont bien optimales. De son côté, le patient peut se montrer proactif dans la prise en charge de sa maladie. Par exemple, en évaluant lui-même ses capacités respiratoires au quotidien pour s’assurer qu’elles restent stables et que le traitement est suffisant. C’est possible grâce à un petit appareil, le débit-mètre de pointe (environ 20€ en pharmacie) : le patient souffle très fort dedans et mesure lui-même le débit expiratoire de pointe (DEP). Il peut aussi suivre des cours d’éducation thérapeutiques où il apprendra notamment à assainir son environnement en évinçant au maximum les allergènes. Des conseils lui seront dispensés pour bien utiliser l’aérosol doseur et inhaler correctement ses médicaments (il doit toujours être en position debout, déclencher l’aérosol doseur dès le tout début de l’inspiration, puis retenir sa respiration pendant dix secondes).

La désensibilisation

Allergie respiratoire, la désensibilisation

Si vous n’en pouvez plus des éternuements à la chaîne, de vos yeux qui gonflent et de votre nez bouché plusieurs mois par an, voire l’année entière, vous pouvez tenter la désensibilisation. Avec la désensibilisation (aussi appelée l’immunothérapie spécifique), il ne s’agit pas de calmer ponctuellement les symptômes d’une rhinite allergique mais de rééduquer en profondeur le système immunitaire, afin qu’il devienne tolérant à la substance allergisante (ou allergène).

Comment ? En l’exposant, de manière très progressive, à des doses de plus en plus importantes de cet allergène. Petit à petit, les réponses inflammatoires déclenchées par le système immunitaire sont modifiées : elles s’atténuent pour finir par disparaitre complétement (dans le cas où la désensibilisation fonctionne).

  • Première étape : le bilan

Avant tout, il est indispensable d’effectuer un bilan allergologique afin d’identifier le ou les allergènes responsables de l’allergie. L’interrogatoire mené par le médecin allergologue ou le pneumologue lui permet d’orienter ses « soupçons » : à quelle période de l’année l’allergie se réveille-t-elle ? Dans quels contextes les symptômes apparaissent-ils ? Afin de vérifier ses hypothèses, il pratique ensuite des test cutanés qui consistent à tester la réaction de la peau au contact d’une toute petite quantité de l’allergène. Si les résultats ne sont pas concluants, il peut éventuellement prescrire un test sanguin. Si le patient est « positif » à plusieurs allergènes, le médecin décide lesquels il va cibler en priorité dans le traitement. Il est possible de mener la désensibilisation pour deux ou trois allergènes, mais pas plus.

  • Un traitement en deux phases

Lors de la phase initiale du traitement, qui dure quelques semaines, les doses d’allergène sont augmentées petit à petit, jusqu’à parvenir à la dose maximale que le patient peut tolérer sans déclencher une réaction allergique. Puis intervient alors une phase d’entretien, durant laquelle cette dose maximale est administrée très régulièrement, en général, quotidiennement. Cette deuxième phase est longue, elle se prolonge pendant plusieurs années (3 à 5 ans en moyenne). C’est le temps nécessaire pour que les bénéfices perdurent après l’arrêt du traitement. Selon les allergènes et la décision du médecin, le traitement est pris sans interruption pendant toute l’année (c’est souvent le cas pour une désensibilisation aux acariens) ou quelques mois par an (pour une désensibilisation aux pollens).

  • Une solution ou un comprimé sous la langue

L’allergène est administré grâce à une solution à garder sous la langue pendant deux à trois minutes avant de l’avaler. Ou encore par un comprimé à faire fondre sous la langue. De loin la forme pharmacologique la plus pratique – à la différence de la solution sublinguale qui nécessite d’être conservée au frais, le comprimé n’exige pas de conditions particulières de conservation – mais qui n’existe pour l’instant que pour les pollens de graminées et les acariens. Et bientôt, probablement, pour le pollen de bouleau.

  • Comment agissent-ils ?

Les cellules immunitaires présentes dans la bouche capturent les antigènes contenus dans la solution ou le comprimé et les délivrent aux autres cellules immunitaires, ailleurs dans l’organisme. Comprimés et solutions sublinguales sont fabriqués à partir d’extraits de pollens et d’acariens, donc abritent de vraies protéines antigéniques. De gros progrès ont eu lieu dans la production et la purification des allergènes : on dispose désormais d’extraits performants pour stimuler le système immunitaire de manière subtile et complexe afin de le rééduquer. Avec ces médicaments par voie sublinguale, aucun effet secondaire grave n’a été rapporté. Il est cependant possible de ressentir des picotements dans la bouche ou d’avoir la langue qui gonfle un peu. Mais ces réactions disparaissent le plus souvent au bout de quelques jours de traitement. En général, la toute première prise se fait dans le cabinet du médecin, où le patient reste sous surveillance pendant une demie heure. Ensuite, le traitement se prend à domicile.

allergie respiratoire et désensibilisation, le principe

  • À faire dès 5 ans

Il est possible de suivre une immunothérapie spécifique dès l’âge de 5 ans et sans limite d’âge pour les adultes. Cela dit, le système immunitaire s’affaiblissant beaucoup au delà de 80 ans, les réactions allergiques deviennent ténues et donc peu gênantes : il n’est alors plus nécessaire de les traiter. Bien sûr, l’idéal est d’effectuer ce traitement le plus tôt possible, car il est alors susceptible d’infléchir « l’histoire naturelle » de l’allergie : prévenir l’apparition d’autres allergies au fil des années ou éviter qu’une rhinite ne se complique plus tard en asthme. Néanmoins, tenter la désensibilisation vaut la peine à tout âge, y compris à 40 ou 50 ans, si on ne s’était pas décidé avant ! Pour les pollens, il est intéressant de commencer le traitement quatre mois avant le début de la pollinisation et de le poursuivre jusqu’à la fin de la saison. Pour les acariens, on peut le débuter à tout moment de l’année.

  • « Guéri » dès la première année

Plus de la moitié des patients voient leur allergie contrôlée ou très nettement améliorée dès la fin de la première année de traitement. Ce qui représente le retour à une bonne qualité de vie et une moindre consommation de médicaments destinés à limiter les manifestations de l’allergie (antihistaminiques, corticoïdes, etc.) Mais, pour certains patients, sans que l’on puisse prédire lesquels, la désensibilisation n’apporte aucune amélioration : si, après un an de traitement, les symptômes sont toujours aussi présents, il est inutile de poursuivre la thérapie.

  • Est-ce pour moi ?

La désensibilisation ne constitue pas une solution adaptée pour tous les profils d’allergiques. Il faut remplir certaines conditions :

• Connaître une réelle altération de sa qualité de vie (troubles du sommeil, difficultés de concentration, irritabilité, etc.) et pas seulement quelques éternuements une poignée de jours par an, au Printemps ;

• Ne pas souffrir d’allergies trop nombreuses : la désensibilisation ne pourra pas les traiter toutes à la fois ;

• Ne pas souffrir d’allergie aux poils d’animaux : pour cette allergie en particulier, la désensibilisation ne donne pas de très bons résultats ;

• Être prêt à suivre un traitement au long cours (plusieurs années) avec rigueur et persévérance. Les oublis récurrents et interruptions fréquentes hypothèquent son efficacité.

  • Quelle prise en charge ?

Actuellement, les solutions sublinguales sont remboursées à 65% par la Sécurité Sociale et les comprimés à 15%. Mais en Décembre 2017, la Haute Autorité de Santé (HAS) a préconisé un déremboursement du traitement de désensibilisation, au motif que son efficacité n’avait pas été suffisamment démontrée. Une affirmation que les allergologues réfutent. Selon eux, cela aboutirait à un arrêt de traitement de près de la moitié des 300 000 patients. Des négociations sont en cours, avec le Ministère de la Santé, pour obtenir un remboursement uniforme de 30% pour les solutions et les comprimés. Pourrait-on voir dans cette volonté gouvernementale d’arrêter la prise en charge de la désensibilisation, la preuve, plutôt, d’un traitement efficace qui génèrerait une baisse conséquentes de ventes de médicaments ?

Les bons gestes pour la maison

  • Protéger sa literie

La housse anti-acariens dans laquelle glisser son matelas : un passage obligé pour les allergiques aux acariens ! Fabriquée dans un tissu dont le maillage est suffisamment serré, elle empêche les acariens et leurs déjections – ce sont elles les allergènes – de sortir du matelas et de passer dans l’air ambiant, que le patient respire. Certaines mutuelles remboursent ces housses. Pour les oreillers et les couettes, il suffit de les laver à 40° : l’effet mécanique du brassage et la circulation de l’eau tuent les acariens et détachent les déjections. Mieux vaut éviter d’utiliser les sprays pour traiter sa literie : ils contiennent un produit chimique, le perméthrine, très irritant, donc susceptible d’aggraver l’inflammation des voies respiratoires. Par ailleurs, ils ne sont pas efficaces pour éliminer les déjections.

allergie respiratoire aux acariens

  • Remplacer la moquette

Les moquettes, véritables nids à poussière, sont à bannir. Aucun shampoing, si performant soit-il, ne peut parvenir à tuer les acariens et détacher les déjections. Il existe désormais toutes sortes d’alternatives (parquets en stratifiés, dalles de PVC…) esthétiques et faciles à poser pour équiper ses sols. Quant aux tapis, il est possible de les conserver à condition de pouvoir les faire laver et non pas nettoyer à sec, une fois par trimestre.

  • Utiliser un filtre HEPA

Si la plupart des aspirateurs se montrent très efficaces pour « avaler » les poussières, acariens et poils d’animaux, ils en remettent aussi une partie dans l’air. D’où l’intérêt qu’ils soient équipés d’un filtre HEPA (Haute Efficacité pour Particules Aériennes) : particulièrement performant, ce dispositif filtre l’air avant qu’il ne ressorte de l’aspirateur et retient ainsi les allergènes.

filtre HEPA aspirateur allergie respiratoire aux acariens

  • Aérer son logement

Il est essentiel d’aérer son logement deux fois quinze minutes par jour au minimum. D’abord pour évacuer l’humidité gérée par la respiration, le séchage du linge, les douches… Plus un milieu est humide, plus il permet aux moisissures et acariens de proliférer. Ensuite, pour faire rentrer de l’air « nouveau » qui diluera la concentration des polluants intérieurs (particules liées à la cuisson de la viande, CO2 rejeté par la respiration…). L’aération est nécessaire même si le logement est équipé d’une VMC car celle-ci est rarement assez efficace. Pour ceux qui habitent près d’une voie de circulation automobile dense, aérer de préférence en dehors des heures de pointe.

  • Traquer les pollens

Mieux vaut s’abstenir de faire sécher son linge dehors, en pleine période de pollinisation. Il est aussi judicieux de se rincer les cheveux le soir avant le coucher, afin de ne pas rapporter de pollens dans le lit. On aère son logement tôt le matin et tard le soir, à des heures où les pollens, en suspension dans l’air, sont moins nombreux. On se garde de rouler fenêtres ouvertes et on change régulièrement le filtre à air de sa voiture.

allergie respiratoire aux pollens

8 questions sur les allergies respiratoires

De plus en plus fréquentes dans un environnement détérioré par la pollution, les allergies respiratoires touchent un français sur trois. De la rhinite à l’asthme, elles peuvent revêtir de nombreuses formes.

  • Comment une allergie se met-elle en place ?

L’allergie s’installe en deux temps. Il y a d’abord une phase de sensibilisation, silencieuse et sans symptôme : lors d’une première rencontre de l’organisme avec l’allergène, le système immunitaire fabrique des anti corps. Puis vient la phase de la réaction allergique proprement dite : lors d’un contact ultérieur, les anti corps précédemment fabriqués entrent en scène. Ils se fixent sur l’allergène, ce qui déclenche la production et le largage de différents médiateurs chimiques (histamine, leucotriènes, prostaglandines…) provoquant éternuements, écoulement nasal et congestion. Puis, plus tardivement, obstruction nasale et inflammation chronique. Une allergie respiratoire peut apparaitre à tout âge et les deux phases peuvent être éloignées de plusieurs années. Une personne ayant connu des allergies cutanées et/ou alimentaires dans son enfance présente plus de risques de développer une allergie respiratoire à l’âge adulte. Les risques sont également accrus si quelqu’un de son entourage familial proche souffre d’une allergie respiratoire, cutanée ou alimentaire.

  • Quelles sont les différentes formes de l’allergie respiratoire ?

Il peut s’agir d’une rhinite allergique. L’inflammation de la muqueuse nasale – la première touchée lors de l’inhalation de l’allergène – entraine sa congestion et la production d’un mucus. Résultat, le nez coule en permanence ou se bouche, il démange. Les larmes ne peuvent plus s’évacuer par leur chemin habituel et débordent à l’angle externe des yeux, d’où des larmoiements et une conjonctivite. Mais, selon l’anatomie des voies respiratoires, les manifestations peuvent aussi prendre d’autres formes. Si le voile du palais est horizontal, le mucus ne pouvant pas s’évacuer par le nez, stagne et provoque des otites à répétition chez l’enfant, des sinusites chroniques chez l’adulte. Avec un voile du palais orienté vers l’intérieur, le mucus coule dans la gorge. On observe alors des irritations et des démangeaisons de la gorge, voire une inflammation des cordes vocales. Si le mucus poursuit son chemin jusqu’aux bronches, les muscles bronchiques se contractent et une toux grasse, puis sèche, se déclenche, dans un réflexe de défonce. Cela peut se compliquer et se transformer alors en asthme.

  • Quels sont les degrés de gravité ?

Autrefois, on évoquait les allergies saisonnières (provoquées par les pollens) et les allergies pérennes (provoquées par les poils d’animaux, acariens et moisissures). Désormais, cette distinction n’est plus utilisée. On parle maintenant de rhinite persistante, c’est à dire plus de 4 semaines de suite ou plus de 4 jours de suite par semaine. Par opposition à la rhinite intermittente qui incommode quelques jours disséminés dans le mois ou l’année. Qu’elle soit persistante ou intermittente, elle peut être légère ou bien modérée à sévère. Les cas modérés à sévères, parce qu’ils détériorent la qualité de vie, provoquent des troubles du sommeil, de la concentration et de la mémorisation, de la fatigue et de l’irritabilité. Ils doivent être impérativement pris en charge par un spécialiste, allergologue, ORL ou pneumologue. Non soignée car banalisée, une rhinite allergique risque de dégénérer en asthme. Et le plus souvent, prendre des antihistaminiques en automédication ou prescrits par le médecin généraliste ne suffit pas à la soigner correctement.

  • Comment le diagnostic est-il posé ?

Les observations du patient – il éternue en présence de chat, se met à tousser à telle période précise de l’année quand il se promène dans la nature – sont essentielles pour faire porter les soupçons sur tel ou tel allergène lors de la consultation. Pour déterminer quel est celui ou ceux responsables de l’allergie, l’allergologue peut pratiquer des tests cutanés ou prick tests. En fonction de ce que lui a raconté le patient, il décide des substances qu’il va tester : il dépose une goutte d’allergène sur la peau et la fait pénétrer en exerçant une pression au moyen d’une lancette. Quinze à vingt minutes plus tard, il interprète le résultat. L’apparition d’un petit placard rouge, surmonté d’une papule (comme une piqure de moustique) indique une sensibilisation à un allergène. Attention, certains médicaments, comme les bêtabloquants, peuvent gêner les tests cutanées car ils sont susceptibles de déclencher une réaction grave. D’autres, comme les anti dépresseurs, les faussent. Les antihistaminiques, eux, les rendent moins parlants. Quand un doute demeure (notamment en cas d’allergies croisées) il est possible de pratiquer des tests sanguins. Ces sont des analyses extrêmement précises pour détecter quelle séquence d’ADN en particulier au sein de l’allergène est responsable de l’allergie. On est ici dans le domaine de allergologie moléculaire, qui se développe beaucoup depuis 10 ans.

  • La BPCO, c’est quoi ?

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) n’est pas due à une allergie : c’est une affection des poumons liée à la consommation de tabac (dans 8 cas sur 10). Elle détruit progressivement les alvéoles pulmonaires et hypothèque donc la distribution de l’oxygène dans l’organisme. Les symptômes sont l’essoufflement à l’effort, une toux avec ou sans crachat, des bronchites répétées.

bronchopneumopathie chronique obstructive

  • Qu’est ce qu’une allergie croisée ?

Parfois, l’allergie respiratoire se double d’une allergie alimentaire. Le système immunitaire opère une confusion : il prend une séquence ADN d’un aliment pour l’allergène auquel il est sensible. Par exemple, une personne allergique au pollen de bouleau peut développer, parce qu’elle n’a pas été prise en charge correctement, une allergie à la pomme crue. En effet, pollen de bouleau et pomme comportent une séquence d’ADN en commun qui suffit à tromper le système immunitaire.

  • Pourquoi ces allergies sont-elles en recrudescence ?

Touchant aujourd’hui un français sur trois – deux fois plus qu’il y a trente ans – les allergies respiratoires doivent en grande partie leur accroissement au réchauffement climatique : plus les températures sont élavées, plus la saison des pollens commence tôt et finit tard. La pollution atmosphérique joue aussi un rôle important : elle stresse les plantes, qui se mettent à produire plus de pollens. Les polluants chimiques présents dans l’air peuvent également déformer la paroi des grains de pollens et libérer des fragments assez petits pour pénétrer dans le système respiratoire bien plus profondément que les grains entiers. C’est ainsi que des végétaux réputés peu allergisants le deviennent à proximité des autoroutes. D’une manière générale, la pollution atmosphérique irrite les muqueuses respiratoires, ce qui engendre des réactions allergiques à des concentrations de pollens beaucoup plus faibles. Les interventions humaines sont aussi en cause. Dans le Nord de la France, des zones entières ont été replantées en bouleaux, une espèce peu chère mais puissamment allergisante, au détriment du chêne.

  • Les allergies respiratoires sont-elles bien prises en charge ?

Chaque année, en France, 2 000 personnes meurent d’asthme, alors que nous disposons de médicaments très efficaces. La preuve que les allergies respiratoires ne sont pas suffisamment soignées, car trop souvent considérées comme bénignes. Leur coût économique est également élevé, du fait de la baisse de productivité engendrée par les jours de travail perdus.

Les pollens à surveiller

Tous les pollens ne font pas courir les mêmes risques aux allergiques. Zoom sur ceux dont le pouvoir allergisant est le plus élevé. Seuls les arbres et herbacées anémophiles – c’est à dire dont les pollens sont disséminés par le vent et ne nécessitent pas l’intervention d’un insecte pour assurer leur fécondation – sont susceptibles de provoquer des allergies lors de la saison de la pollinisation.

  • L’aulne

On le trouve un peu partout en France mais surtout dans les Alpes et rarement en région méditerranéenne. Cet arbre croît volontiers au bord des cours d’eau et des lacs, sur les terrains humides. Son écorce est grise et rugueuse. Février / Mars.

allergie respiratoire, aulne

  • Le chêne

Majoritaire, le chêne pédonculé est néanmoins absent des zones méditerranéennes et des Alpes du Sud. Le chêne ayant besoin de beaucoup de lumière, il pousse souvent en lisière de chemin et dans les haies. Avril / Mai.

  • Le bouleau

On ne trouve pas de bouleau dans le sud de la France car il n’apprécie pas les sols trop secs. Mais il est présent dans de nombreuses forêts du reste de la France. Il possède une écorce blanche, lisse et luisante. Mars / Avril.

  • Le frêne

On trouve le frêne essentiellement en Picardie, Champagne Ardenne et Franche Comté. Assez rarement dans le Sud-Est. Adepte des sols frais et humides, il pousse souvent le long des cours d’eau. Janvier à Mars au Sud. Mars / Avril ailleurs.

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  • Le platane

C’est l’arbre du Sud, très présent sur les places ou en bordure de rues dans les villages. Pour pousser, il a besoin d’un sol qui ne retient pas l’humidité et de beaucoup de soleil. Avril / Mai.

  • Le cyprès

Très représenté dans le Sud-Est de la France, il est surtout utilisé pour constituer des haies. Avec sa forme de colonne majestueuse, on le plante aussi pour décorer, telle une statue. Mars / Avril.

  • L’olivier

Il déteste les sols humides et sa préférence va aux terres caillouteuses. Il supporte très bien le soleil et la sécheresse. D’où sa forte présence dans le sud de la France. Mai / Juin.

allergie respiratoire olivier

  • Les graminées

Fétuque des près, dactyle, ray-grass, ivraie, pâturins… Elles regroupent plusieurs milliers d’espèces que l’on rencontre un peu partout dans les prairies, sur les rochers, en forêt, dans l’eau, les fossés et accotements de route. Mai / Juillet.

  • L’ambroisie

L’ambroisie à feuille d’armoise est la plus développée en France, essentiellement en Rhône Alpes. Tout aussi allergisante, l’ambroisie trifide se répand dans le Sud-Ouest. Ce sont des plantes invasives ou « mauvaises herbes », capables de se développer très rapidement sur des parcelles agricoles, bords de route, sentiers, friches… Août / Septembre.

 

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Sources : Tempo Santé, 2019